Devant l’incapacité de son ministère à livrer des projets complexes de transport collectif, la ministre québécoise des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, va créer l’agence Mobilité Infra Québec.
On a une absence d’expertise en transport collectif. On ne peut plus contourner ce problème-là!
, affirme-t-elle en rencontre éditoriale avec le bureau parlementaire de Radio-Canada pour expliquer sa vision.
Sa nouvelle structure, attendue depuis plus d’un an, vise à reprendre le contrôle
de la réalisation des projets d’envergure de transport collectif, devenus contagieux
, selon la ministre. Plusieurs villes en réclament, de Québec à Montréal, en passant par Longueuil, Gatineau et Sherbrooke, et pour les réaliser, on se retrouve avec une multiplication de bureaux de projets
, ce qui nuirait à la vision d’ensemble à l’échelle nationale.
Infra, de son intérêt, de sa volonté et de sa disponibilité”,”text”:”On est aussi tributaire de CDPQInfra, de son intérêt, de sa volonté et de sa disponibilité”}}”>On est aussi tributaire de CDPQ Infra, de son intérêt, de sa volonté et de sa disponibilité
, ajoute Mme Guilbault, en faisant référence au mandat confié à la Caisse de dépôt et placement du Québec visant la conception d’un projet de transport collectif pour la Capitale-Nationale.
La ministre des Transports et de la Mobilité durable Geneviève Guilbault en rencontre éditoriale avec le bureau parlementaire de Radio-Canada.
Photo : Radio-Canada / Samuel Houde
Le gouvernement Legault reconnaît une certaine dépendance envers CDPQ Infra, seul organisme à détenir une réelle expérience en la matière.
C’est surtout de prendre le contrôle du destin du transport collectif à l’échelle du Québec, de prendre le contrôle du développement. Pour réussir ça, il faut se donner les moyens et les capacités de le faire au gouvernement.
On ne peut pas être tributaires éternellement d’intervenants externes qu’on finance, mais qu’on ne gère pas et qu’on ne contrôle pas.
supra bureau de projet
Geneviève Guilbault compare donc Mobilité Infra Québec à un supra bureau de projet
.
Contrairement à Santé Québec, créée par le ministre Christian Dubé, il s’agira d’une plus petite structure d’une cinquantaine d’employés seulement. Une petite équipe spécialisée
de gestionnaires de projets qui, lit-on entre les lignes, pourrait bénéficier de conditions salariales plus avantageuses que les fonctionnaires du ministère des Transports, en raison de leur expertise de pointe unique
.
On veut se donner toutes les chances en termes de culture d’organisation et d’environnement de travail pour attirer les meilleures personnes.
La ministre Geneviève Guilbault constate un gros problème de manque d’attractivité aux Transports et à la Mobilité durable. Pour attirer des talents, il faut être « compétitifs », souligne-t-elle.
Photo : Radio-Canada / Samuel Houde
Geneviève Guilbault constate un gros problème de manque d’attractivité
dans son Ministère, pour attirer des talents, mais aussi des soumissionnaires.
Il faut qu’on soit compétitifs. On est emprisonnés dans des façons de transiger avec l’industrie qui nous défavorise actuellement.
Les entreprises n’ont plus le goût de faire des projets majeurs de transport collectif avec nous parce que c’est trop lourd, trop compliqué et beaucoup trop risqué
, ajoute-t-elle.
Selon nos informations, le ministre responsable des Infrastructures, Jonatan Julien, déposera aussi la semaine prochaine un projet de loi qui pourrait réformer l’attribution de contrats d’infrastructures. Québec veut ainsi susciter plus de concurrence dans les appels d’offres publics et atteindre des gains d’efficacité.
Cette nouvelle législation serait nécessaire pour que Mobilité Infra Québec puisse devenir pleinement opérationnelle.
La ministre Guilbault est convaincue que sa nouvelle agence permettra de donner de la prévisibilité aux entreprises. En établissant une séquence de projets à réaliser partout au Québec, les soumissionnaires intéressés pourront prévoir en conséquence leurs effectifs et leurs ressources financières.
La nouvelle agence aura pour mandat la réalisation des grands projets de transport collectif, mais leur exploitation relèvera toujours des sociétés de transport des villes et des municipalités.