Les municipalités en attente d’un financement de Québec pour leurs projets d’infrastructures récréatives et sportives font face à une compétition féroce. Tout près de 800 projets ont été déposés au Volet 1 du Programme d’aide financière aux infrastructures récréatives, sportives et de plein air (PAFIRSPA) du gouvernement du Québec. Parmi eux se retrouvent 55 projets soumis par des organismes du Bas-Saint-Laurent, selon des documents obtenus par Radio-Canada dans une demande d’accès à l’information.
Le PAFIRSPA dispose d’une enveloppe de 300 millions de dollars prévue au budget provincial 2023-2024. Elle fait partie de l’engagement du gouvernement à investir 1,5 milliard de dollars sur 10 ans pour la réfection d’infrastructures sportives existantes ou pour la réalisation de nouveaux projets. Un engagement ferme
, indique le cabinet de la ministre responsable des Sports, du Loisir et du Plein air, Isabelle Charest.
Créé en juin 2023, ce programme a comme objectif d’assurer une accessibilité à ces infrastructures au Québec.
Région | Nombre de demandes |
---|---|
Bas-Saint-Laurent | 55 |
Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine | 21 |
Côte-Nord | 17 |
Ensemble du Québec | 795 |
Parmi les dossiers soumis se retrouvent notamment le projet de complexe multisports de la Ville de Rimouski, les projets de construction de complexes aquatiques à Matane et à Trois-Pistoles, celui de reconversion de l’ancien aréna en complexe multisports à La Pocatière et le projet de reconstruction d’une patinoire extérieure à Amqui.
Les organismes municipaux, scolaires ou à but non lucratif, des instances des Premières Nations et des coopératives de solidarité avaient jusqu’au début décembre pour déposer un projet dans le cadre de l’appel lancé par Québec pour ce programme d’aide financière.
Le PAFIRSPA peut permettre à ces organismes d’accéder à une aide financière allant jusqu’aux deux tiers des coûts admissibles, pour un montant maximal de 20 millions de dollars.
Radio-Canada n’a pu faire la recension du total des montants demandés pour ces projets puisque ces informations ont été caviardées. Québec indique que leur divulgation pourrait être susceptible de compromettre d’éventuels processus d’appels d’offres ou de négociation en vue de la conclusion de contrats.”,”text”:”«susceptible de compromettre d’éventuels processus d’appels d’offres ou de négociation en vue de la conclusion de contrats.”}}”>susceptible de compromettre d’éventuels processus d’appels d’offres ou de négociation en vue de la conclusion de contrats.
La Ville de Trois-Pistoles a déposé son projet de reconstruction de la piscine régionale des Basques au PAFIRSPA et espère que ce dernier sera retenu. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Patrick Bergeron
Devant le grand nombre de projets soumis à l’échelle provinciale, le maire de Trois-Pistoles, Philippe Guilbert, se dit inquiet que l’enveloppe du programme soit insuffisante et que le projet de reconstruction de la piscine régionale des Basques ne soit pas sélectionné.
Les coûts de ce projet sont évalués à 16 millions de dollars. Trois-Pistoles a donc besoin de soutien financier de la part gouvernement pour le mener à bien.
Le maire rappelle que la piscine dessert la population de Trois-Pistoles, mais aussi celle de l’ensemble de la MRC des Basques.
Cette installation sportive est désuète et nécessite des travaux majeurs. Devant l’ampleur des travaux requis, la Ville projette de démolir la construction existante pour en bâtir une neuve.
On est assez inquiets. Il y a énormément de demandes. Ça diminue forcément le potentiel [d’être sélectionné].
Avoir une piscine, c’est un besoin. On doit apprendre aux gens à nager. On peut tenir des compétitions. On a un bon créneau ici, avec la formation des sauveteurs qui nous permet de former beaucoup de sauveteurs qui vont travailler dans la région. C’est ça aussi, qu’on perdrait
, ajoute Philippe Guilbert.
Il soutient que Trois-Pistoles postulera lors d’un nouvel appel de projets, advenant un refus du PAFIRSPA cette fois-ci. On ne pourra pas avoir cette piscine-là encore longtemps. Je veux dire, il y a plein de défauts de bâtiment. Il y a un système de filtration qui est désuet. Du moment que ça brise, on ne sera pas en mesure de le réparer
, conclut-il.
La Ville d’Amqui souhaite quant à elle reconstruire la patinoire Pierre-Luc Hallé, située dans le parc A.-T.-Rostan.
On a besoin de ça pour garder nos jeunes à l’extérieur, pour leur faire pratiquer les sports extérieurs. […] C’est une patinoire qui est très très très occupée.
Je vous dirais que ça fait cinqans qu’on travaille sur ce projet. Il est venu le moment où il faut le réaliser”,”text”:”Je suis arrivée comme conseillère en 2017, et on en parlait déjà. […]Je vous dirais que ça fait cinqans qu’on travaille sur ce projet. Il est venu le moment où il faut le réaliser”}}”>Je suis arrivée comme conseillère en 2017, et on en parlait déjà. […] Je vous dirais que ça fait cinq ans qu’on travaille sur ce projet. Il est venu le moment où il faut le réaliser
, soutient la mairesse d’Amqui, Sylvie Blanchette.
Elle se dit peu surprise par l’abondance de projets soumis à ce programme de financement.
Mme Blanchette rappelle qu’un grand nombre d’infrastructures sportives ont été construites dans les mêmes années au Québec, il y a quelques décennies. Elles commencent donc à prendre de l’âge et à devoir être remplacées, pour maintenir les services offerts aux citoyens dans les villes.
Certaines municipalités de l’Est-du-Québec attendent depuis plusieurs années de l’aide de la part du gouvernement pour mener à bien de tels projets d’infrastructures sportives.
Elles ont dû essuyer un refus en 2020 après avoir soumis leurs projets d’infrastructures à l’un des programmes d’aide financière précédents, le Programme d’aide financière aux infrastructures récréatives et sportives (PAFIRS). Cela a entre autres été le cas de Rimouski et de Matane, toujours pour leurs projets de complexe multisports et de complexe aquatique.
L’enveloppe de 294 millions de dollars du PAFIRS, financé conjointement par Québec et Ottawa, était insuffisante pour répondre à l’ensemble des projets déposés, dont la valeur totalisait 1,5 milliard de dollars.
La Ville de Matane espère depuis des années obtenir des fonds pour construire un nouveau complexe aquatique et ainsi remplacer sa piscine désuète.
Photo : Courtoisie Ville de Matane
Le maire de Matane, Eddy Métivier, espère que cette fois sera la bonne.
Il explique que la piscine municipale est en fin de vie. La Ville projette de construire un tout nouveau complexe aquatique sur le terrain voisin pour la remplacer. Un projet évalué à 22 millions de dollars.
C’est un projet des plus majeurs qu’on attend désespérément pour Matane. C’est un cri du cœur.
Il rappelle que des citoyens se sont même mobilisés en janvier 2023 pour rappeler au gouvernement l’importance de cette infrastructure pour eux.
Le projet de complexe aquatique va être un atout majeur et même décisif pour convaincre de nouveaux employés, de nouvelles familles de s’établir chez nous
, ajoute le maire de Matane.
Selon le cabinet de la ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air, Isabelle Charest, les projets retenus seront connus dans quelques semaines. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Khaled Yeddes
Au cabinet de la ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air, Isabelle Charest, on indique, dans une réponse transmise par écrit, que le nombre de demandes d’aide financière soumises au PAFIRSPA ne surprend pas.
On rappelle que la majorité des infrastructures ont été construites à la même époque et [que] les besoins de travaux de remise à niveau sont grands. Parallèlement, de nombreuses villes et municipalités se développent et souhaitent répondre aux besoins des citoyens avec la construction de telles infrastructures.
L’engouement suscité par le PAFIRSPA ne surprend pas.
Il est primordial de donner accès à l’ensemble de la population à des infrastructures modernes, sécuritaires et de qualité, poursuit-on, toujours dans cette réponse écrite.
Le cabinet de la ministre précise que les projets retenus seront connus au cours des prochaines semaines.