BUFFALO – Lors de la conférence de presse de fin de saison du Canadien, le vice-président exécutif des opérations hockey, Jeff Gorton, avait en quelque sorte préparé le terrain en disant que l’été à venir allait être « énorme ».
Oui, c’est notre été le plus important à ce jour, mais j’imagine que l’été prochain sera encore plus important. On ne veut pas que nos décisions soient réactives et qu’on se sente absolument le besoin de faire quelque chose. Ça nous mènerait à ne pas poser les meilleurs gestes
, avait renchéri le directeur général Kent Hughes.
Tout le monde a retenu ce qu’a dit Gorton ce jour-là, mais la prudence et la patience ajoutées par Hughes méritent qu’on les garde en tête puisque le CH a entamé un mois important avec l’évaluation des espoirs, le repêchage et l’ouverture du marché des joueurs autonomes.
Même si l’équipe veut ajouter de la force de frappe à l’attaque et donner à Kirby Dach un ailier de premier plan, les options ne sont pas innombrables.
À l’heure actuelle, tout le monde est au courant de l’intérêt du Tricolore envers l’attaquant Martin Necas, des Hurricanes de la Caroline. Mais à ce stade-ci — et les choses peuvent changer rapidement — on ne peut pas considérer l’équipe montréalaise comme favorite pour l’obtention de ses services.
Les Hurricanes sont conscients que l’état de santé de leurs gardiens et le manque de constance devant le filet sont à corriger. En ce sens, les équipes ayant un gardien à offrir en échange attireront l’attention des Hurricanes.
Avec son bataillon de jeunes défenseurs et ses choix au repêchage, le Canadien n’a peut-être pas de quoi contenter une formation dont la fenêtre de compétitivité est grande ouverte.
Une façon de contourner cela pourrait être de procéder à un échange en deux temps. Aussi surprenant a-t-il pu être, l’échange de Dach il y a deux ans a montré de quelles façons créatives l’état-major pouvait arriver à ses fins. Les Blackhawks de Chicago n’avaient pas besoin d’Alexander Romanov, mais ils voulaient un haut choix au repêchage contre Dach. En juxtaposant deux échanges, les dirigeants montréalais ont atteint leur but.
De la même façon, il pourrait trouver des équipes intéressées à ce qu’il a à vendre, et utiliser ensuite le butin obtenu dans un échange avec les Hurricanes.
C’est une voie qui nous apparaît peu probable, mais qui ne peut pas être ignorée sachant que c’était la technique utilisée en 2022. Il y a moins d’échanges qu’avant dans la LNH, mais ceux qui se concrétisent sont plus complexes que jamais.
Par ailleurs, Necas, 25 ans, doit négocier un nouveau contrat. Même si rien n’est écrit comme tel dans son statut de joueur autonome avec compensation, sa situation lui confère un certain pouvoir de négociation si les Hurricanes se décident à l’échanger.
Si une équipe veut remporter l’enchère pour ses services et qu’elle se montre prête à donner beaucoup pour l’obtenir, elle préférera avoir l’assurance qu’elle peut s’entendre à long terme avec l’attaquant tchèque. Or, si la destination ne lui convient pas, peut-on imaginer Necas signer une entente à court terme avec sa nouvelle équipe — s’il y a arbitrage, l’équipe peut choisir que le contrat soit d’un an ou deux — et essayer de faire souffler le vent dans la direction voulue comme l’ont fait Matthew Tkachuk et Pierre-Luc Dubois?
Même si plusieurs formations sont intéressées à Necas, certaines perdront peut-être de leur enthousiasme pour cette raison-là.
C’est peut-être à ce moment que le Tricolore pourrait se faufiler, quand la surenchère se serait calmée et dans un contexte où il n’aurait pas à faire un geste qu’il regretterait ensuite.
Trevor Zegras est un autre nom qui circule beaucoup, mais on ne peut confirmer que le niveau d’intérêt chez le Canadien soit le même. Des gens de son entourage conviennent que l’attaquant des Ducks d’Anaheim profiterait d’un changement de décor, mais dans la perspective du Canadien, il faut établir si Montréal est le bon endroit pour lui. Il sera intéressant de voir s’il y a une insistance chez les Ducks à s’en départir et ce que ceux-ci seront capables d’obtenir pour ses services. La valeur de l’habile Américain a déjà été plus haute.
Trevor Zegras
Photo : Getty Images / Sean M. Haffey
D’autres options sont évidemment possibles, mais si les mêmes noms reviennent sans cesse. C’est que les joueurs disponibles susceptibles de répondre aux besoins du Canadien ne sont pas légion. Cela dit, d’autres lignes seront assurément lancées à l’eau.
Dans l’éventualité où le Bleu-blanc-rouge ne passait à l’action dans ni l’un ni l’autre de ces dossiers, il ne faudrait pas écarter la possibilité qu’il se tourne vers le marché des joueurs autonomes afin d’ajouter du renfort à l’attaque.
Évidemment, il s’agit d’une démarche différente que d’intégrer un joueur dans la mi-vingtaine au jeune groupe actuel. Un ajout à plus court terme permettrait d’améliorer l’attaque au-delà du trio de Nick Suzuki et d’aider le noyau de l’équipe à poursuivre son développement dans un contexte plus gagnant.
Elle a beau être en reconstruction, la pression venant d’en haut pour récolter plus de victoires se fera davantage sentir la saison prochaine. Dans cette optique, dénicher un vétéran encore productif pour un an ou deux pourrait être une avenue intéressante. Plusieurs contrats arrivent à échéance à la fin de la prochaine saison et le CH aura de l’argent à sa disposition. De nouvelles possibilités s’offriront à lui. Pourvu qu’un joueur autonome embauché cet été ne limite pas ces possibilités, il y a peut-être quelque chose à explorer de ce côté.
Chose certaine, ceux qui souhaitent voir le CH se présenter au repêchage de 2025 avec un choix parmi les cinq premiers pour une quatrième année de suite seront déçus, car l’objectif de l’organisation est de trouver des façons raisonnables de s’améliorer dès maintenant.
C’était clair au dernier jour de la saison, et ce l’est toujours aujourd’hui.