La Coalition avenir Québec n’a pas l’intention d’abandonner le projet de troisième lien malgré des gains en mobilité minimes soulignés par la Caisse de dépôt et placement du Québec. Selon nos informations, le premier ministre François Legault annoncera jeudi qu’il confiera le mandat de réaliser le projet au ministère des Transports et de la Mobilité durable.
L’argument de la sécurité économique, évoqué mardi par la ministre Geneviève Guilbault, serait la principale justification pour aller de l’avant avec ce projet que la CAQ promet depuis 2018.
Le corridor à l’est, étudié par CDPQ Infra dans son rapport sur la mobilité, serait désormais celui privilégié par le gouvernement pour la construction d’un nouveau pont. Dans ce scénario, l’infrastructure serait située quelque part entre la pointe de l’île d’Orléans et le port de Québec.
Le gouvernement demandera une nouvelle étude pour un troisième lien dans le corridor à l’est.
Photo : CDPQ Infra
Plus tôt dans la journée, le maire de Lévis avait d’ailleurs invité le gouvernement Legault à respecter son engagement de construire un troisième lien routier, et ce, même si CDPQ Infra conclut que cela n’aurait pas d’impact notable sur la mobilité. À défaut d’adopter une position ferme en faveur du projet, la CAQ risque de perdre des députés, prédit Gilles Lehouillier.
En voyage à l’extérieur du pays, le maire a interrompu ses vacances mercredi après-midi afin de commenter à distance le contenu du rapport de CDPQ Infra sur la mobilité dans la grande région de Québec.
Sans surprise, les recommandations formulées par la filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec n’ont pas trouvé écho chez lui, particulièrement celle visant à consacrer un éventuel troisième lien au transport en commun.
Inutile de vous dire que je suis extrêmement déçu
, a affirmé d’emblée Gilles Lehouillier, qui refuse cependant de jeter l’éponge.
CDPQ Infra a beau avoir conclu que les gains de mobilité ne sauraient justifier à eux seuls la construction d’un nouveau lien routier, l’enjeu de la sécurité économique demeure, plaide Gilles Lehouillier.
CDPQ Infra conclut que les besoins en mobilité de la communauté métropolitaine de Québec ne justifient pas la construction d’un troisième lien routier. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Marc-André Boivin
Une éventuelle fermeture du pont Pierre-Laporte, seul lien qui permet le transport interrives de marchandises, aurait des conséquences désastreuses pour l’économie, soutient le maire. Il ne s’est d’ailleurs pas fait prier pour rappeler que le mandat de CDPQ Infra n’inclut pas les considérations d’ordre économique.
Gilles Lehouillier semble avoir été rassuré d’avoir vu la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, qualifier d’irresponsable
le fait de n’avoir qu’un seul lien interrives permettant le transport de marchandises dans l’Est-du-Québec.
Minute de vérité
Selon le maire, l’appui des élus de la grande région de Québec au projet de troisième lien a contraint la ministre à faire une telle sortie, sans quoi l’unité de la députation caquiste risquait d’en souffrir.
Le maire de Lévis, Gilles Lehouillier
Photo : Radio-Canada
Je suis convaincu que les caucus des régions de Chaudière-Appalaches et de la Capitale-Nationale tiennent mordicus au lien autoroutier et je pense que la ministre n’avait d’autre choix que de faire cette déclaration au risque même de se retrouver […] avec des démissions
, a avancé M. Lehouillier.
C’est la minute de vérité. Le gouvernement doit enfin indiquer la voie qu’il entend suivre par rapport au lien autoroutier.
Au-delà des élus de son parti, le premier ministre François Legault doit tenir compte de l’appui au troisième lien routier au sein de la population, croit le maire. Il maintient que deux citoyens sur trois dans la communauté métropolitaine de Québec sont favorables au projet.
La Chambre de commerce et d’industrie du Grand Lévis (CCIGL) a aussi accueilli avec déception les conclusions de CDPQ Infra à l’égard du troisième lien.
CDPQ Infra a dévoilé mercredi son rapport et ses recommandations portant sur la mobilité à Québec.
Photo : Radio-Canada / Israel Tanguay
La présidente-directrice générale de CCIGL, Marie-Josée Morency, a souligné la ressemblance entre le lien proposé par la filiale de la Caisse de dépôt et placement et la dernière mouture du tunnel Québec-Lévis proposée par la CAQ, qui, rappelle-t-elle, a été fortement décriée
.
On demande à être convaincus que c’est la meilleure solution pour améliorer le transport en commun entre les deux rives
, a réagi Mme Morency.
En lisant les recommandations contenues dans le rapport, elle a l’impression que le gouvernement s’apprête à revenir à la case départ.
Nous comprenons, suite au dépôt du rapport, que nous n’avons fait aucun gain et que nous avons encore perdu beaucoup de temps. C’est très décevant et très irritant. L’aspect de sécurité citoyenne et économique a été mis de l’avant, mais aucun tracé étudié n’a pu être validé
, déplore la femme d’affaires.
Pourtant, quand on écoute la population, quand on écoute nos entrepreneurs, qui vivent et comprennent les besoins sur le terrain, ce lien demeure une nécessité.
La présidente-directrice générale a tout de même tenu à souligner les propositions de CDPQ Infra visant à moderniser le réseau de transport en commun sur la Rive-Sud.
SRB sur le boulevard Guillaume-Couture et sur la route des Rivières est vu positivement par la CCIGL, mais la mise en place demeure dans la cour des autorités compétentes pour assurer que cela réponde aux besoins et vérifier l’efficience des tracés proposés”,”text”:”L’apport de deux nouvelles lignes de SRB sur le boulevard Guillaume-Couture et sur la route des Rivières est vu positivement par la CCIGL, mais la mise en place demeure dans la cour des autorités compétentes pour assurer que cela réponde aux besoins et vérifier l’efficience des tracés proposés”}}”>L’apport de deux nouvelles lignes de SRB sur le boulevard Guillaume-Couture et sur la route des Rivières est vu positivement par la CCIGL, mais la mise en place demeure dans la cour des autorités compétentes pour assurer que cela réponde aux besoins et vérifier l’efficience des tracés proposés
, a-t-elle nuancé.
Marie-Josée Morency affirme qu’un nouveau lien routier est « un élément fondamental pour la sécurité, la mobilité, la fluidité et le transport des marchandises ».
Photo : Radio-Canada
De son côté, la Coalition de l’Est a réitéré sa conviction voulant que seul un nouveau lien routier à l’est permettra de régler le problème de mobilité dans la grande région de Québec.
La Coalition, qui regroupe une trentaine de municipalités situées de part et d’autre du fleuve Saint-Laurent ainsi que plusieurs organismes de développement économique, a invité le gouvernement Legault à examiner sérieusement
les options pour un lien à l’est présentées par CDPQ Infra.
Un lien à l’est qui permettrait le transport de marchandises viendrait sécuriser la chaîne d’approvisionnement des entreprises de tout l’Est-du-Québec. On espère que le gouvernement du Québec verra les avantages de structurer une fois pour toutes la mobilité dans une perspective régionale plus grande et à plus long terme
, a déclaré dans un communiqué le maire de Saint-Vallier et directeur de Développement économique Bellechasse, Alain Vallières.
Le maire de Thetford Mines et président de la Table régionale des élus municipaux de Chaudière-Appalaches, Marc-Alexandre Brousseau, a pour sa part déploré que CDPQ Infra n’ait pas jugé pertinent
de rencontrer son organisation lors de ses consultations sur la mobilité.
Nous nous sommes invités et il est apparu évident que les gens de la Caisse ne se concentraient que sur la communauté métropolitaine de Québec, comme si rien n’existait au-delà de cette frontière. J’espère que le gouvernement sera plus à l’écoute et considérera les options à l’est
, a indiqué M. Brousseau.