La première pelletée de terre se fait attendre pour 66 projets qui devaient être « accélérés », que ce soit en transport, en santé ou en éducation, grâce à une loi adoptée il y a 40 mois. Ces projets sont encore à l’étude, en planification ou abandonnés, révèlent de nouveaux documents du Secrétariat du Conseil du trésor.
La plus récente reddition de comptes semestrielle sur la Loi concernant l’accélération de certains projets d’infrastructure montre que 23 % des projets ciblés sont terminés et 41 % en cours de réalisation.
La loi adoptée en décembre 2020, en pleine pandémie, prévoit des mesures d’accélération pour faciliter l’acquisition de biens, l’évaluation environnementale ou encore les expropriations. Ça n’a toutefois pas permis d’éviter l’avancement au ralenti de plusieurs projets.
Le ministère des Transports et de la Mobilité durable n’est en train de réaliser qu’un seul des huit projets de transport collectif inscrits dans la loi d’accélération de décembre 2020, soit le prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal. Cinq autres ne sont pas encore en planification, mais seulement à l’étude, et deux ont été abandonnés.
En ce qui concerne les 41 projets routiers, 20 sont en cours de réalisation et 21 à l’étape de la planification. Aucun n’est terminé.
Du côté du ministère de la Santé et des Services sociaux, les projets « accélérés » se font attendre dans le milieu hospitalier. Aucun n’est terminé. Neuf sont en cours de réalisation, dont la construction d’un hôpital à Vaudreuil-Soulanges et l’agrandissement de l’Hôpital Pierre-Le Gardeur. Mais les sept suivants sont encore au stade de la planification :
Des dizaines de personnes avaient manifesté à La Malbaie, en 2019, pour le maintien des services à l’hôpital local.
Photo : Facebook / Tous debout pour maintenir la qualité de nos soins de santé dans Charlevoix
Les 32 projets terminés par le ministère de la Santé sont tous des maisons des aînés, dont les travaux ont malgré tout connu d’importants retards par rapport aux échéanciers prévus en 2020. Un total de 14 autres projets de maisons des aînés sont d’ailleurs toujours en cours de réalisation, alors que la promesse électorale de la CAQ était de les livrer en 2022.
En ce qui concerne les constructions, reconstructions et modernisations de CHSLD, neuf projets inscrits dans la loi de 2020 sont en cours de réalisation, cinq en planification et trois ont été abandonnés.
Sur cinq projets que la loi devait accélérer, le ministère de l’Enseignement supérieur n’en a terminé aucun, et il n’est en train d’en réaliser qu’un seul. Deux sont à l’étude et un a été retiré, soit l’agrandissement du Collège Dawson.
De son côté, le ministère de l’Éducation a terminé la construction de 10 écoles qui étaient sur la liste. Douze autres projets sont en réalisation et 13 en planification. Un a été abandonné.
La loi adoptée en 2020 fixe une limite dans le temps aux mesures d’accélération des projets.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
La loi prévoit qu’une mesure d’accélération est applicable à un projet jusqu’à ce qu’il se termine. Toutefois, elle doit commencer à s’appliquer au plus tard le 11 décembre 2025. Après cette date, il sera trop tard.
Par courriel, le Secrétariat du Conseil du trésor précise que depuis l’entrée en vigueur de la loi, 79 des 182 projets ont utilisé au moins une des mesures d’accélération prévues. Cela veut donc dire que plus de la moitié des projets qui devaient être accélérés ne se sont pas encore prévalus de ce droit.
En novembre 2023, lors de la précédente reddition de comptes, 67 projets avaient utilisé une mesure d’accélération.
Malgré les mesures d’accélération disponibles, les projets d’infrastructures publics doivent tout de même respecter certaines procédures incontournables et ils se heurtent, comme partout, à la pénurie de main-d’œuvre.
Face à la vitesse ralentie de certains projets publics, le gouvernement Legault a déposé, plus tôt ce mois-ci, un nouveau projet de loi dans l’espoir d’aller plus vite. L’étude du projet de loi 62 a débuté mardi.
Les besoins en infrastructures ne sont pas comblés selon le rythme et le prix souhaités par le gouvernement
, écrit le Secrétariat du Conseil du trésor pour justifier le projet de loi.
L’évolution des façons de faire dans l’industrie de la construction et le contexte actuel caractérisé par une forte demande en infrastructures publiques font en sorte que des modifications législatives et réglementaires s’avèrent nécessaires.
Le ministre responsable des Infrastructures, Jonatan Julien, a déposé un projet de Loi visant principalement à diversifier les stratégies d’acquisition des organismes publics et à leur offrir davantage d’agilité dans la réalisation de leurs projets d’infrastructure.
Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel
Comme une redite de la loi de décembre 2020, le ministre Jonatan Julien a expliqué, mardi, que son projet de loi 62 vise à accélérer la réalisation des projets publics
.
Le gouvernement Legault pense qu’avec des allégements et des façons d’optimiser les façons de faire
, il pourra simplifier et accélérer la démarche gouvernementale d’autorisation
tout en réalisant des économies.
L’application de l’ensemble des mesures permettra de construire jusqu’à 25 % plus vite et jusqu’à 15 % moins cher.
En Commission parlementaire, mardi, le leader libéral Monsef Derraji s’est montré plutôt sceptique
. L’histoire récente du gouvernement caquiste, en matière de construction, nous laisse un peu perplexes
, a-t-il dit au ministre Julien.
M. Derraji a cité les maisons des aînés, dont les coûts ont explosé
, les Espaces bleus, millions de dollars à 1milliard de dollars”,”text”:”passés en trois ans de 260millions de dollars à 1milliard de dollars”}}”>passés en trois ans de 260 millions de dollars à 1 milliard de dollars
, le pont de l’île d’Orléans, estimé à 2,7 milliards, et le troisième lien.