Québec veut inclure davantage les entrepreneurs dans sa planification de projets d’infrastructures publiques, comme les écoles, les hôpitaux ou les grands travaux routiers. Grâce à cette approche collaborative, le ministre responsable des Infrastructures Jonatan Julien estime pouvoir réduire les délais de construction de 25 % et diminuer les coûts de 15 %.
Je dirais qu’on n’est pas la fonction publique la plus agile actuellement! Les entreprises privées, quand elles font affaire avec le gouvernement, trouvent que c’est lourd, qu’on ne paye pas assez rapidement, que c’est beaucoup en mode de confrontation
, nous explique-t-il. Son projet de loi, déposé plus tard cette semaine, vise à mettre en place une stratégie qui comporte quatre grands axes afin de changer notamment le mode d’attribution des contrats pour miser davantage sur des partenariats avec l’industrie.
Avec cette nouvelle approche collaborative au moment de lancer des projets, : \”tu nous fais ça!\””,”text”:”on met à contribution l’expertise de l’entrepreneur et des professionnels. Il faut profiter de leur expérience. Dès l’idéation du projet, on convient de ce qu’on va faire ensemble. On peut même partager les risques. Une partie des profits de l’entrepreneur peut être mise à contribution pour le motiver, contrairement au mode traditionnel où on a déjà un concept préétabli et où on lui dit habituellement: \”tu nous fais ça!\””}}”>on met à contribution l’expertise de l’entrepreneur et des professionnels. Il faut profiter de leur expérience. Dès l’idéation du projet, on convient de ce qu’on va faire ensemble. On peut même partager les risques. Une partie des profits de l’entrepreneur peut être mise à contribution pour le motiver, contrairement au mode traditionnel où on a déjà un concept préétabli et où on lui dit habituellement : “tu nous fais ça!”
. Ainsi, le ministre est convaincu d’augmenter considérablement la concurrence
.
M. Julien veut impliquer les entreprises dans la conception, la détermination des besoins et le type de matériaux à sélectionner. Une mini-révolution
, selon lui, puisque l’approche traditionnelle impose un carcan aux entrepreneurs qui doivent se plier aux contraintes du projet et assumer des risques qui influencent leur financement. Cette façon de faire nécessite des reins financiers tellement solides que plusieurs entreprises renoncent à soumissionner sur des projets, ce qui réduit la concurrence et fait augmenter les coûts.
Avec la nouvelle approche du gouvernement, on comprend que la règle exigeant de choisir le plus bas soumissionnaire ne s’appliquera plus systématiquement. Ce sera le bon mode d’attribution de contrats, pour le bon projet
, résume le ministre.
capacitérégionale à mener des projets
Une Maison des aînés dont la construction a été achevée à Val-d’Or au début de 2024.
Photo : Radio-Canada / Mélanie Picard
De plus, Québec veut désormais évaluer la capacité régionale
avant de donner le feu vert à la construction de projets, jugeant que trop de ministères travaillent en silo ou de manière sectorielle.
Par exemple, certaines régions du Québec n’ont pas suffisamment de main-d’œuvre, de ressources ou d’entreprises locales pour construire une école, une maison des aînés et une route en même temps. La concurrence n’est pas assez forte et la surchauffe du marché fait augmenter les coûts.
En préparation de sa nouvelle stratégie des infrastructures, le gouvernement a évalué la capacité de construction
de chacune des régions au cours de la dernière année, afin d’avoir un portrait plus juste de la situation partout sur le territoire.
: cette région-là n’a pas de capacité, ou a moins de capacité, ou a juste assez de capacité, pour faire deux des trois projets en même temps. Donc, peut-être qu’on gagnerait à prendre un projet et à le faire ailleurs”,”text”:”En tant que ministre responsable des Infrastructures, comme une tour de contrôle, je vais avoir une vue d’ensemble et aviser mes collègues. Je pourrai leur dire: cette région-là n’a pas de capacité, ou a moins de capacité, ou a juste assez de capacité, pour faire deux des trois projets en même temps. Donc, peut-être qu’on gagnerait à prendre un projet et à le faire ailleurs”}}”>En tant que ministre responsable des Infrastructures, comme une tour de contrôle, je vais avoir une vue d’ensemble et aviser mes collègues. Je pourrai leur dire : cette région-là n’a pas de capacité, ou a moins de capacité, ou a juste assez de capacité, pour faire deux des trois projets en même temps. Donc, peut-être qu’on gagnerait à prendre un projet et à le faire ailleurs
, indique Jonatan Julien.
Québec veut aussi favoriser davantage la préfabrication dans les projets d’infrastructures publiques « afin d’optimiser la planification et décentraliser les chantiers ».
Le ministre Jonatan Julien donne l’exemple d’une douzaine d’écoles semblables à construire au Québec. En ayant recours à la préfabrication de certains modules des écoles, comme des blocs sanitaires, il est convaincu de réduire les coûts grâce à la standardisation. Avec un seul dossier d’affaires, on réduit aussi les délais
, dit-il. Sa nouvelle stratégie vise donc à encourager la gestion par programmes de projets, lorsque cela est possible
.
Enfin, le gouvernement Legault souhaite élaborer éventuellement de nouveaux modes de paiement pour que les entrepreneurs bénéficient de règlements plus rapides et aient envie de faire affaire avec le gouvernement.
Le ministre Jonatan Julien convient que l’appareil administratif doit être plus efficace dans la construction et la gestion de projets étant donné les besoins importants des prochaines années.
Non seulement il faut assurer un maintien des actifs et rénover les nombreuses infrastructures vétustes, mais Québec a aussi identifié des besoins importants liés au vieillissement de la population et à l’augmentation de l’immigration, nécessitant la construction de nouvelles écoles, des maisons des aînés et des hôpitaux.
Le Plan québécois des Infrastructures (PQI) prévoit actuellement des investissements de près de 153 milliards de dollars pour les dix prochaines années.