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AFP
Publié le
12 juil. 2023
Deux enquêtes ont été lancées au Canada contre Nike Canada et l’entreprise minière Dynasty Gold, concernant des allégations de recours au travail forcé de Ouïghours, a annoncé mardi le Bureau du médiateur canadien de la responsabilité des entreprises.
“Ces entreprises, Nike Canada Corp. (Nike) et Dynasty Gold Corporation (Dynasty Gold), auraient eu ou ont eu des chaînes d’approvisionnement ou des activités en République populaire de Chine définies comme ayant recours ou tirant profit du recours au travail forcé de Ouïghours”, est-il écrit, dans un communiqué.
Depuis plusieurs années, des rapports d’ONG et de cercles de réflexion dénoncent l’exploitation en Chine de membres de la minorité musulmane ouïghoure du Xinjiang, dans des champs, ateliers et usines fournissant des matières premières ou des produits finis. Outre Nike, de grands noms du textile (Adidas, Lacoste, Gap, Puma, H&M, etc.) sont accusés de tirer profit de ce “travail forcé”.
Des rapports sur les activités à l’étranger de Nike Canada et de Dynasty Gold ont été publiés mardi après le dépôt de plusieurs plaintes d’une coalition de 28 organisations de la société civile en juin 2022.
Nike Canada est soupçonnée d’entretenir “des relations d’approvisionnement avec plusieurs entreprises chinoises” qui sont “identifiées comme des entreprises qui ont recours au travail forcé des Ouïghours ou qui en tirent profit”, selon l’un des rapports.
“A première vue, les allégations formulées par les plaignants soulèvent de graves questions concernant l’atteinte possible au droit internationalement reconnu d’être à l’abri du travail forcé”, souligne le rapport consacré à Nike Canada.
Les plaignants soutiennent que “rien n’indique que Nike Canada ait pris des mesures concrètes pour s’assurer hors de tout doute raisonnable que le travail forcé ne fait pas partie de sa chaîne d’approvisionnement”.
Contactée dans la soirée par l’AFP, l’équipementier sportif n’avait pas réagi dans l’immédiat.
La deuxième enquête vise la société minière canadienne Dynasty Gold, qui aurait “bénéficié du recours au travail forcé de Ouïghours dans une mine en Chine dans laquelle elle détient une participation majoritaire”.
Les deux entreprises contestent les allégations.
L’annonce de l’ouverture des enquêtes a été saluée par le Projet de défense des droits des Ouïghours (PDDO), association basée à Ottawa, qui a applaudi “un pas important dans la bonne direction”.
Depuis plusieurs années, les autorités chinoises sont accusées par les pays occidentaux d’avoir massivement enfermé des Ouïghours et des membres d’autres minorités majoritairement musulmanes, dans des camps de rééducation, après des attentats sanglants dans la région du Xinjiang.
En février 2021, le Parlement canadien a adopté une motion non contraignante assimilant le traitement réservé par la Chine à sa minorité ouïghoure à “un génocide”, provoquant la colère de Pékin.
En France, la justice a classé sans suite en avril une enquête préliminaire visant des géants de l’habillement tels Uniqlo et Inditex, accusés par des associations d’avoir profité du travail forcé des Ouïghours en Chine. Une nouvelle plainte a été déposée en mai.
Ce même mois, un groupe de parlementaires américains a demandé au gendarme de Wall Street d’exiger une enquête indépendante sur les accusations de travail forcé des Ouïghours à l’encontre de plusieurs groupes d’habillement, dont Nike.
Montréal, 12 juil 2023 (AFP)
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