Le gouvernement Legault s’engage à construire un pont à l’est de Québec et de Lévis pour éviter une « catastrophe » économique dans l’éventualité d’une fermeture du pont Pierre-Laporte. Le premier ministre et les ministres régionaux s’engagent aussi à lancer les travaux pour la construction de la phase 1 d’un tramway dans la capitale.
Pour des raisons économiques et stratégiques, notre gouvernement s’engage à construire un nouveau lien autoroutier entre Québec et Lévis
, a déclaré le premier ministre François Legault, renouant ainsi avec sa promesse électorale de 2018, qu’il avait abandonnée au printemps 2023.
Le corridor à l’est, privilégié par la CAQ, comparé aux autres corridors étudiés par CDPQ Infra.
Photo : Radio-Canada / Olivia Laperrière-Roy
Malgré les faibles gains en matière de mobilité identifiés dans le rapport de la filiale infrastructure de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ Infra), le gouvernement estime qu’un troisième lien est nécessaire pour doter la région d’une solution de rechange pour le transport de marchandises.
Mercredi, CDPQ Infra a expliqué que les enjeux de sécurité économique ont été soulevés par de nombreux intervenants, mais que la question outrepassait son mandat. Elle laissait le soin au gouvernement d’approfondir la question, alors que plus de 10 000 camions empruntent chaque jour le pont Pierre-Laporte.
Il n’y aura pas d’autres études économiques ou d’achalandage, je pense qu’il y en a eu assez
, lance François Legault, en concluant qu’une fermeture du pont représente un risque économique trop important pour la région, alors que les camions seraient forcés de faire un détour par Trois-Rivières. Peu importe la décision, il y a du monde qui va chialer. C’est pas un dossier facile, mais il faut avoir l’humilité quand c’est nécessaire de revoir une décision
, a déclaré François Legault pour justifier cette nouvelle volte-face dans le dossier du troisième lien.
On a mis beaucoup d’emphase sur l’achalandage qu’il y aurait sur ce nouveau lien autoroutier. En prenant un pas de recul, on fait le constat que l’enjeu de sécurité économique est très important. C’est pour ça qu’on change notre décision.
Selon la ministre des Transports, une fermeture à court ou long terme du pont Pierre-Laporte serait catastrophique et infernale pour l’économie de nos deux régions
.
Geneviève Guilbault cite en exemple les ponts Champlain, de l’Île-aux-Tourtes et de l’île d’Orléans, qui ont tous connu des problèmes ces dernières années, pour justifier le besoin d’un troisième lien à Québec.
Entrevue avec Geneviève Guilbault, ministre des Transports et de la Mobilité durable
Photo : Radio-Canada
On n’a pas le choix de prendre la décision responsable, pour une fois, enfin, de planifier en amont la redondance de nos infrastructures interrives.
Le gouvernement Legault a par ailleurs montré peu d’ouverture concernant la solution proposée par le député fédéral Jean-Yves Duclos, soit d’abaisser le tablier du pont de Québec pour permettre le passage des camions. Cette section du pont est sous la responsabilité du gouvernement provincial et le tablier doit être remplacé au cours des prochaines années.
Selon Jean-Yves Duclos, maintenant que le gouvernement fédéral est propriétaire de l’infrastructure, l’abaisser au moment de son remplacement serait la solution la plus simple et la moins coûteuse pour assurer le transport des marchandises en cas de problèmes sur le pont Pierre-Laporte.
Non, je ne l’ai pas entendue
, a répondu le ministre Bernard Drainville en haussant les épaules lorsque questionné sur cette idée avancée par le fédéral. Nous, ce qu’on vous annonce aujourd’hui, c’est un nouveau lien autoroutier qui va nous permettre de faire passer des camions.
Duclos sorte ça de son chapeau. Il aurait pu en parler avant”,”text”:”Je trouve ça drôle que M.Duclos sorte ça de son chapeau. Il aurait pu en parler avant”}}”>Je trouve ça drôle que M. Duclos sorte ça de son chapeau. Il aurait pu en parler avant
, a renchéri le premier ministre. Duclos.”,”text”:”On va regarder cette nouvelle découverte de M.Duclos.”}}”>On va regarder cette nouvelle découverte de M. Duclos.
Le gouvernement Legault n’a avancé ni budget ni échéancier pour la construction de ce nouveau projet de troisième lien.
La limite est vraiment dépassée
Le chef du Parti québécois (PQ) a tenu un point de presse moins d’une heure après l’allocution du premier ministre pour dénoncer une mauvaise pièce de théâtre
.
Paul Saint-Pierre-Plamondon estime que la CAQ fait de la politique à même les fonds publics qui ne mène nulle part
avec ce nouveau changement de cap sur le troisième lien. Il souligne qu’en avril 2023, la ministre des Transports elle-même rejetait les arguments de sécurité économique en annonçant la mort du troisième lien autoroutier.
Le chef du PQ demande à François Legault d’avoir la décence de suivre les recommandations
de CDPQ Infra.
Paul Saint-Pierre-Plamondon, chef du Parti québécois.
Photo : Radio-Canada
Ça me dépasse. […] Il y a des limites. Un moment donné, il faut respecter les gens. Là, la limite est vraiment dépassée.
Dans la circonscription de Taschereau à Québec, le député Étienne Grandmont rappelle que le passage des camions est interdit depuis 1992 sur le pont de Québec et que, jusqu’à aujourd’hui, personne à la CAQ ne s’était inquiété de la sécurité économique
de la région.
Pour moi, ça rentre dans la catégorie des arguments farfelus des ponts par million [d’habitants]
, explique le solidaire. Étienne Grandmont estime que le gouvernement est en train de perdre la face
dans ce dossier.
Dans son rapport dévoilé mercredi, CDPQ Infra avance qu’un troisième lien à cet endroit n’entraînerait que des gains minimes pour les automobilistes qui, en moyenne, gagneraient cinq minutes pour passer d’une rive à l’autre.
Le tracé du tunnel proposé par CDPQ Infra comparé au corridor à l’Est privilégié par la CAQ.
Photo : Radio-Canada / Olivia Laperrière-Roy
Sur la Rive-Nord, CDPQ Infra arrive à la conclusion que le raccordement d’un éventuel troisième lien au réseau autoroutier est incompatible avec le projet de transformation de l’autoroute Dufferin-Montmorency en boulevard urbain
.
Le gain de temps pour les automobilistes est aussi limité parce que les automobilistes, en empruntant un troisième lien vers le nord, aboutiraient sur un réseau routier où la congestion est déjà présente.
L’ajout d’un lien interrives à l’est aurait pour effet de déplacer la congestion observée à la tête des ponts existants, n’entraînant à terme aucun bénéfice de mobilité sur le réseau routier.
Pour toutes ces raisons, la CDPQ Infra conclut que la construction d’un troisième lien n’est pas justifiée en matière de gain pour les automobilistes de la région.