Dans un nouveau rapport, un groupe de réflexion issu du ministère fédéral de l’Emploi et du Développement social a déterminé quelles sont les « perturbations » les plus plausibles auxquelles le Canada, voire le monde entier, fait face.
Intitulé Perturbations à l’horizon – Rapport 2024, le document, signé Horizons de politiques Canada, a recensé 35 perturbations mondiales, qu’ils ont partagées à parties prenantes, collègues et expert.e.s en prospective au sein du gouvernement du Canada et au-delà”,”text”:”quelque 500parties prenantes, collègues et expert.e.s en prospective au sein du gouvernement du Canada et au-delà”}}”>quelque 500 parties prenantes, collègues et expert.e.s en prospective au sein du gouvernement du Canada et au-delà
.
En récoltant leurs commentaires – principalement sur la probabilité, l’impact et l’horizon temporel de ces perturbations –, le groupe de réflexion a pu circonscrire les menaces les plus criantes.
Les gens ne peuvent pas dire ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas.
Aux yeux des experts consultés, c’est la plus grande menace à laquelle le monde fait face. Et elle pourrait ressurgir d’ici les trois prochaines années.
Selon le groupe de réflexion, cela s’explique notamment par :
le développement de l’IA, qui fait qu’il est « beaucoup plus difficile de savoir à quoi ou à qui faire confiance »;
le déclin de la confiance dans les « sources de connaissances » traditionnelles;
les algorithmes créés « pour susciter l’engagement émotionnel » plutôt que des « rapports factuels ».
La désinformation pourrait ainsi créer une grave fracture sociétale, notamment par l’effritement du lien de confiance envers les institutions (politiques, médiatiques, etc.), rendant encore plus difficile la transmission de messages d’urgence, notamment en santé publique.
La possibilité que l’intelligence artificielle se déchaîne
figure aussi en 10e position des perturbations les plus plausibles, Horizons de politiques Canada estimant que cela pourrait arriver d’ici quatre ans.
Le contenu généré par l’IA pourrait finir par manipuler et diviser les populations, prévient le rapport. Dans le pire des cas, l’IA pourrait compromettre les infrastructures essentielles, ce qui exercerait une pression sur les ressources vitales et accélérerait les changements climatiques.
IA tout en incitant à des comportements risqués et à un manque de transparence”,”text”:”La concurrence commerciale et géopolitique pourrait favoriser le développement rapide de l’IA tout en incitant à des comportements risqués et à un manque de transparence”}}”>La concurrence commerciale et géopolitique pourrait favoriser le développement rapide de l’IA tout en incitant à des comportements risqués et à un manque de transparence
, explique le rapport, qui juge qu’il est possible qu’une réglementation pour limiter l’IA ne puisse pas arriver assez rapidement.
En deuxième et troisième position de la liste se trouvent des préoccupations d’ordre environnementales.
La disparition de la biodiversité et l’effondrement des écosystèmes occupent la deuxième place.
La santé et le bien-être pourraient être gravement affectés par l’augmentation de la malnutrition, des maladies et d’autres problèmes de santé, ce qui entraînerait une hausse des taux de mortalité, l’effondrement des systèmes de soins de santé et une baisse générale de la qualité de vie
, juge le rapport, en lien avec cet effondrement des écosystèmes.
Le rapport indique aussi que les impacts de ces changements sur les industries clés telles que l’agriculture, la pêche et l’exploitation forestière pourraient conduire à des pertes économiques majeures
, laissant les populations dans l’incapacité de répondre à leurs besoins fondamentaux
.
En troisième place : le débordement des mesures d’urgence. La multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes pourrait mener à une saturation de nos systèmes d’urgence, les empêchant de pouvoir réagir de manière adéquate et durable
.
Il est probable que les feux de forêt à travers le pays provoquent une plus grande sollicitation des soins d’urgence.
Photo : via reuters / B.C. WILDFIRE SERVICE
Cela mènerait inévitablement à de plus grandes pertes de vie humaine et à de plus nombreuses destructions d’infrastructures, en plus de possiblement déplacer des millions de personnes et d’aggraver la crise de santé mentale.
Cela s’ajoute à la possibilité que les systèmes de santé s’effondrent, une perturbation que Horizons de politiques Canada met neuvième dans sa liste.
Les pressions existantes, telles que le vieillissement de la population, l’augmentation des taux de maladies dégénératives, les pénuries de main-d’œuvre et les capacités de financement limitées, pourraient peser sur l’avenir du système de santé canadien
, indique le rapport.
D’ici quatre à cinq ans, les cyberattaques pourraient mettre hors service les infrastructures essentielles et les milliardaires pourraient user de leur influence pour diriger le monde, prévient également le groupe de réflexion.
Selon le rapport, les cyberattaques contre les infrastructures essentielles pourraient empêcher les gouvernements de fournir des services et compromettre l’accès aux biens essentiels.
Autrement, dans cinq ans, les super-riches pourraient user de leur influence pour façonner les politiques publiques et imposer leurs valeurs et leurs croyances au monde, en contournant les principes de la gouvernance démocratique
.
À mesure que leur pouvoir s’accroît, les milliardaires pourraient acquérir des capacités de guerre et contrôler des ressources naturelles et des actifs stratégiques.
Certains pourraient coopter la politique étrangère nationale ou prendre des mesures diplomatiques ou militaires unilatérales, déstabilisant ainsi les relations internationales.
La perspective d’une pénurie généralisée de ressources vitales comme l’eau et les minéraux essentiels figure au septième rang de la liste du rapport. Horizons de politiques Canada estime que cette pénurie pourrait entraîner, d’ici huit ans seulement, des impacts en cascade sur la santé humaine et la stabilité sociale
.
Les prix des ressources pourraient devenir volatiles et les économies instables, car les ressources vitales, autrefois abondantes, se raréfient
, peut-on ainsi lire.
De cette manière, la concurrence pour ce qui reste pourrait provoquer l’instabilité et dégénérer en conflit armé, poussant les nations à se faire la guerre pour les ressources
.
En huitième position sur la liste, on trouve ce que le rapport décrit comme la normalisation de la mobilité sociale descendante.
Le logement devenant de plus en plus inabordable et les conditions de travail de plus en plus précaires, les conditions socio-économiques des Canadien.ne.s pourraient se dégrader d’une génération à l’autre
, indique le rapport.
Pendant ce temps, alors que les personnes extrêmement riches continuent d’accumuler une plus grande part des richesses, le ressentiment pourrait s’intensifier jusqu’à ce que les appels à une plus grande redistribution des richesses atteignent un point critique.
Le groupe de réflexion a mis au point ce rapport afin d’informer à la fois la population et les décideurs politiques, mais aussi afin que ces derniers puissent agir en conséquence et puissent se préparer.
Il n’est peut-être pas possible de prédire le prochain grand bouleversement, mais il est essentiel d’explorer les perturbations possibles et d’anticiper les scénarios potentiels
, explique Kristel Van der Elst, directrice générale du groupe de réflexion, en préambule du rapport.
Même des circonstances et des événements qui apparaissent lointains ou improbables peuvent soudainement devenir réalité, tandis que des perturbations qui se chevauchent peuvent avoir des impacts amplifiés sur la société.
Le groupe Horizons de politiques Canada a aussi souhaité souligner certaines perturbations qui n’ont pas figuré dans le palmarès, mais qui, à ses yeux, méritent tout de même une certaine attention.
Parmi ceux-ci : la possibilité que les antibiotiques ne fonctionnent plus, la possibilité d’une guerre civile aux États-Unis et la possibilité que les peuples autochtones gouvernent des territoires non cédés.
Vous pouvez consulter le rapport ici (Nouvelle fenêtre).
Avec les informations de Peter Zimonjic (CBC News)